Paolo Ardoino, PDG de Tether, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la démarche judiciaire de Celsius de « tentative éhontée de vol d’argent » dans un message publié sur les réseaux sociaux. Le 9 août dernier, la plateforme de prêts crypto en faillite a en effet déposé une plainte contre le géant des stablecoins, réclamant la restitution de 39 542 bitcoins que Celsius avait déposés en collatéral. Tether, de son côté, avait vendu ces BTC, prétendument au pire moment du marché baissier de 2022. Mais Celsius a-t-il réellement le droit de réclamer ces BTC ? Et Tether avait-il le droit de les vendre ? Cette affaire s’annonce complexe et technique d’un point de vue légal.
Faute de garanties suffisantes, Tether a vendu les 39 542 bitcoins de Celsius en 2022
La situation semble simple au départ. Dans un long message publié en réponse aux accusations publiques de Celsius, Paolo Ardoino rappelle les faits. Tether prête des USDT à certains clients sélectionnés qui fournissent une « surcollatéralisation » en Bitcoin. Si le prix du Bitcoin tombe en dessous d’un certain seuil, un appel de marge est déclenché et l’emprunteur doit augmenter sa garantie, sous peine d’être liquidé. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire : c’est ainsi que fonctionne ce type d’accord, et les termes en sont connus de tous.
Au début de l’année 2022, alors que les prix commençaient à baisser, Tether aurait à plusieurs reprises demandé à Celsius d’augmenter ses garanties, ce que l’entreprise a fait en avril, mai et juin, quelques semaines avant sa faillite en juillet. Mais c’est ici que les versions diffèrent. Pour Celsius, les bitcoins déposés en garantie n’auraient jamais dû être vendus, car l’entreprise était en train de réunir les fonds nécessaires pour éviter la liquidation. Tether, en revanche, affirme que la vente des bitcoins a été autorisée par Alex Mashinsky, alors PDG de Celsius, bien que ce point soit contesté et doive être clarifié par la procédure judiciaire.
En pleine tourmente, Celsius veut un procès malgré l’accord supposé de Mashinsky
Tether, le plus grand émetteur de stablecoins au monde, affirme être dans son droit, et son PDG Paolo Ardoino n’a pas hésité à dénoncer ce qu’il qualifie de « tentative d’extorsion » de la part de Celsius :
« Cette action en justice sans fondement prétend que nous devrions restituer les bitcoins qui ont été vendus pour couvrir la position de Celsius. Le dossier du plaignant comporte de nombreuses failles et nous sommes très confiants dans la solidité de notre contrat et de nos actions. Ce procès sera mené jusqu’au bout. Il est important de montrer l’exemple au nom de l’ensemble du secteur, en démontrant que les tentatives éhontées de vol d’argent ne fonctionneront pas. »
— Paolo Ardoino, PDG de Tether.
Ardoino a également mis en avant la solidité financière de Tether malgré les récentes turbulences, soulignant les excellents résultats du groupe :
« En ce qui concerne la sécurité des utilisateurs de l’USDT, notre priorité absolue est sans aucun doute la solidité du groupe Tether, qui dispose de fonds propres de près de 12 milliards de dollars. Chez Tether, nous avons prouvé notre résilience à maintes reprises ces dernières années. Le harcèlement ne nous fait jamais peur. Nous sommes très confiants dans notre capacité à démontrer la justesse de nos actions devant les tribunaux. »
— Paolo Ardoino, PDG de Tether.
Chez Celsius, c’est évidemment un autre son de cloche. L’entreprise affirme que ses bitcoins doivent lui être restitués et que Tether n’aurait jamais dû les vendre. Par ailleurs, Celsius a récemment attaqué d’autres entités, comme Badger DAO, Compound Labs et Bancor DAO, dans le but de récupérer des fonds pour rembourser ses créanciers. Désormais, la balle est dans le camp du tribunal des faillites du district sud de New York, dont la réponse est attendue avec impatience.